Le cadre légal du portage salarial : ce qu’il faut savoir

Le portage salarial est une forme de travail qui permet aux travailleurs indépendants de bénéficier du statut de salarié tout en conservant leur autonomie. Ce mode de fonctionnement présente des avantages tant pour le professionnel que pour l’entreprise cliente, mais il est également encadré par une réglementation spécifique. Dans cet article, nous vous proposons un tour d’horizon du cadre légal du portage salarial.

Le principe du portage salarial

Le portage salarial est une relation tripartite entre un professionnel à la recherche de missions (le salarié porté), une entreprise cliente et une société de portage. Cette dernière se charge d’établir un contrat de travail avec le salarié porté et facture les prestations réalisées auprès de l’entreprise cliente. Ainsi, le professionnel bénéficie des avantages liés au statut de salarié (assurances sociales, congés payés, etc.) tout en restant libre dans la gestion de son activité.

Le portage salarial peut concerner des domaines d’activité variés, tels que le conseil, la formation, le marketing ou encore l’informatique. Il s’adresse principalement aux professionnels ayant une expertise reconnue et souhaitant exercer leur métier en toute indépendance, sans pour autant créer leur propre structure juridique.

Les textes législatifs et réglementaires encadrant le portage salarial

Le cadre légal du portage salarial est précisé par plusieurs textes législatifs et réglementaires :

  • La loi n°2008-596 du 25 juin 2008, dite loi de modernisation du marché du travail, a introduit le portage salarial dans le Code du travail (articles L.1254-1 à L.1254-9) et posé les bases de son encadrement.
  • Le décret n°2010-451 du 3 mai 2010 a précisé les conditions d’exercice de l’activité de portage salarial, notamment en termes de garanties financières et de compétences professionnelles.
  • La loi n°2015-990 du 6 août 2015, dite loi Macron, a apporté des modifications au cadre juridique du portage salarial, notamment en élargissant son champ d’application aux entreprises clientes situées hors de France.
  • L’ordonnance n°2015-380 du 2 avril 2015, prise en application de la loi Macron, a simplifié et renforcé le cadre légal du portage salarial. Elle a notamment supprimé certaines dispositions restrictives et clarifié les relations entre les parties prenantes.
  • Le décret n°2017-774 du 3 mai 2017 a fixé les modalités d’agrément des sociétés de portage salarial auprès des services administratifs compétents.

Ces textes ont pour objectif d’assurer la sécurité juridique des salariés portés et des entreprises clientes, tout en garantissant un fonctionnement transparent et équitable des sociétés de portage.

Le contrat de travail en portage salarial

Le contrat de travail en portage salarial est obligatoire et doit être conclu entre la société de portage et le salarié porté. Il peut prendre la forme d’un contrat à durée déterminée (CDD) ou d’un contrat à durée indéterminée (CDI), selon les besoins du professionnel et les missions proposées. Le contrat doit mentionner plusieurs éléments :

  • La rémunération minimale du salarié porté, fixée par décret et indexée sur le salaire minimum de croissance (SMIC) ou le minimum conventionnel applicable dans l’entreprise cliente ;
  • Les frais professionnels engagés par le salarié porté pour l’exercice de son activité, qui doivent être remboursés par la société de portage ;
  • Le montant des cotisations sociales dues par la société de portage au titre du statut de salarié du professionnel ;
  • Les garanties financières souscrites par la société de portage pour assurer le paiement des salaires, indemnités et charges sociales en cas de défaillance.

Les droits et obligations des parties doivent être clairement précisés dans le contrat, notamment en ce qui concerne la formation professionnelle, la prévention des risques professionnels ou encore les modalités de rupture du contrat.

Les obligations des sociétés de portage salarial

Les sociétés de portage salarial ont des obligations légales vis-à-vis des salariés portés et des entreprises clientes :

  • Elles doivent disposer d’un agrément préfectoral pour exercer leur activité de portage salarial ;
  • Elles doivent informer les salariés portés de leurs droits et obligations, notamment en matière de formation professionnelle, de prévention des risques ou encore de représentation du personnel ;
  • Elles doivent respecter les dispositions légales et conventionnelles applicables aux salariés (durée du travail, rémunération minimale, congés payés, etc.) et assurer le paiement des cotisations sociales correspondantes ;
  • Elles doivent souscrire une assurance responsabilité civile professionnelle pour couvrir les éventuels dommages causés par le salarié porté dans l’exercice de son activité.

Le non-respect de ces obligations peut entraîner des sanctions administratives et pénales à l’encontre des sociétés de portage fautives.

Les avantages et inconvénients du portage salarial

Le portage salarial présente des avantages certains pour les professionnels et les entreprises clientes :

  • Pour le salarié porté : bénéficier du statut de salarié tout en conservant une grande autonomie dans la gestion de son activité ;
  • Pour l’entreprise cliente : recourir à un expert sans avoir à créer un poste en interne ou à gérer les formalités administratives liées au recrutement.

Toutefois, ce mode de travail présente également des inconvénients :

  • La rémunération du salarié porté peut être inférieure à celle d’un travailleur indépendant, en raison des charges sociales et des frais de gestion prélevés par la société de portage ;
  • Les missions proposées peuvent être moins nombreuses ou moins stables que dans le cadre d’un emploi classique.

Ainsi, le choix du portage salarial doit être mûrement réfléchi en fonction des besoins et des contraintes de chaque professionnel.

Le cadre légal du portage salarial : un dispositif en perpétuelle évolution

Le cadre légal du portage salarial a évolué au fil des années pour s’adapter aux réalités du marché du travail et aux besoins des professionnels. Les textes législatifs et réglementaires actuels offrent une sécurité juridique accrue aux parties prenantes et garantissent un fonctionnement transparent et équitable des sociétés de portage. Toutefois, il est essentiel pour les salariés portés et les entreprises clientes de s’informer régulièrement sur les évolutions législatives et de s’entourer de conseils juridiques pour assurer la conformité de leur activité au regard du droit.